Nouvel an Amazigh : À quand Yennayer au Maroc?



Le mouvement amazigh n’en démord pas en ce qui s’agit de l’officialisation du nouvel an amazigh.

Tandis que l’on fêtait partout dans le monde amazigh, ce 13 janvier 2019, le nouvel an amazigh, Yennayer, des figures du mouvement amazigh et diverses personnalités non forcément amazighes marocaines ont réitéré leur appel pour la proclamation de cet événement comme fête nationale. En effet, le Maroc a du retard en la matière si on le compare notamment à l’Algérie, l’autre grand pays amazighophone du Maghreb, qui a procédé à cette proclamation en décembre 2017.

Ainsi, dans un post publié le 10 janvier sur Facebook, le coordinateur de la Fédération nationale des associations amazighes (FNAA), Ahmed Arehmouch, a appelé le gouvernement de Saâd Eddine El Othmani à faire preuve d’«un peu de patriotisme» et d’arrêter ce qu’il a qualifié de «mensonges» de l’Exécutif, qui viserait à instaurer «un État religieux fondé sur les légendes de la sacralité de la langue, de la culture et de l'identité unique,» en l’occurrence arabes. Les mensonges en question font référence à une déclaration du ministre délégué aux Relations avec le Parlement et la Société civile, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, qui quelques heures plus tôt avait déclaré que la question de la proclamation de Yennayer était en cours d’étude.

Dispositions constitutionnelles
Or selon M. Arehmouch, cette affirmation est difficile à croire, car le Parti de la justice et du développement (PJD), dont est issu M. El Othmani, a selon lui pris des dizaines de mesures contre tout ce qui se rapporte à la culture amazighe. Ainsi, pour la seule année 2018, le coordinateur de la FNAA dit avoir dénombré 59 de ces mesures. «Votre déclaration (...) est éthiquement inacceptable, politiquement condamnable et moralement répréhensible,» a-t-il écrit.

En tout cas, il semble y avoir loin de la coupe aux lèvres d’une réconciliation entre le mouvement amazigh et le PJD, d’autant plus que ce dernier persiste à ne pas mettre en oeuvre les dispositions constitutionnelles relatives à l’officialisation de l’amazigh, sachant que la loi organique y afférent a seulement été adoptée en janvier 2018, soit bien après le mandat du gouvernement de Abdelilah Benkirane, le premier post-Constitution du 1er juillet 2011. Cette loi n’a, en outre, pas encore été publiée au Bulletin officiel.

La rapporteuse de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur le racisme, Tendayi Achiume, avait ainsi fustigé, au terme de la visite qu’elle a effectuée au Maroc du 13 au 21 décembre 2018, la discrimination à l’encontre des populations amazighophones marocaines, notamment dans le domaine de la justice, du fait du manque voire de l’absence de connaissance d’une grande partie d’entre elle de l’arabe, dans lequel sont prononcés les jugements.

Pour l’heure, le seul projet concret d’officialisation de l’amazigh est à mettre au crédit du Rassemblement national des indépendants (RNI), qui s’est fendu d’une proposition de loi au Parlement, en excipant du caractère important de cette fête, selon le ministre de la Justice, Mohamed Aujar, qui s’est prononcé à ce sujet lors d’une réunion du bureau politique du parti de la colombe, auquel il appartient, à Nador.

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