Nouvelle crise dans les relations entre la Mauritanie et l'Algérie


L'ingérence d’Alger en cause


En décidant de fermer ses frontières avec l’Algérie, la Mauritanie réagit sans doute à l’ingérence de son voisin dans ses affaires internes.

Y a-t-il de l’orage dans l’air entre l’Algérie et la Mauritanie? On peut le croire au vu de la décision prise le 12 juillet 2017 par le gouvernement mauritanien de fermer les frontières du pays avec son voisin. Plus précisément, est concerné par cette ordonnance le quadrilatère compris entre les localités de Chegga au nord-est, Ain Ben Tili au nord-ouest, Dhar Tichitt au sud-ouest et Lemreya au sud.

“La proclamation de l’interdiction de cette zone est consécutive aux difficultés d’identification de nos paisibles citoyens des trafiquants”, a, dans un communiqué, expliqué le ministère de la Défense mauritanien. Il faut dire que la bande saharo-sahélienne, où se trouve la frontière algéro- mauritanienne, connaît un important trafic de drogue et d’êtres humains, comme s’en est à de nombreuses reprises inquiétée l’Organisation des Nations unies (ONU), en plus de la forte activité terroriste, du fait de la présence de nombreuses organisations jihadistes, à l’instar de Jamaât Nosrat Al-Islam Wal-Mouslimin, née en mars 2017 de la fusion de nombreux groupes de la région.

Dans les chancelleries maghrébines cependant, on croit savoir que Nouakchott a surtout agi par motivation politique; d’autant plus que cette dernière a souvent eu maille à partir, depuis la montée au pouvoir en 2008 du président Mohamed Ould Abdel Aziz, avec l’Algérie: elle avait ainsi éloquemment procédé en 2015 à l’expulsion d’un diplomate algérien, premier conseiller de son état à l’ambassade locale de la voisine de l’est, après qu’il ait dicté à un plumitif du journal électronique Al-Bayane As-Souhoufi un article accusant le Maroc d’inonder le pays de drogue.

Contre mauvaise fortune bon cœur
Ce n’était pas tant, toutefois, l’image du Royaume auprès de ses concitoyens qui avait fait sortir de ses gonds M. Ould Abdel Aziz, puisque que luimême s’est à plusieurs reprises attaqué à son pays d’origine (sa famille descend d’anciens marabouts de la région du Sahara) en laissant notamment courir le bruit qu’il était derrière la tentative de coup d’État qu’il avait essuyée en 2012 et à la suite de laquelle il avait dû être hospitalisé de longues semaines durant, mais l’ingérence de l’Algérie dans ses affaires internes.

Cet interventionnisme algérien, couplé au refus de coopérer notamment au plan sécuritaire que le Maroc a par ailleurs maintes fois dénoncé, serait en fait, expliquent des sources régionales, la véritable raison derrière la décision mauritanienne. Pour l’instant, l’Algérie n’a pas encore réagi et devrait sans doute faire contre mauvaise fortune bon coeur en laissant entendre qu’elle partage complètement la décision de sa voisine, si l’on en croit les médias du pays proches des services de renseignement.

Tout indique, toutefois, que la voisine de l’est se trouve de plus en plus isolée du fait de sa politique régionale où tous les voisins, en premier lieu desquels le Maroc, sont considérés comme des rivaux, d’où la décision de ce dernier en février 2017 de se diriger vers la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CÉ- DÉAO) et de tourner ainsi, pour quelque temps, la page de l’Union du Maghreb arabe (UMA).

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