Le PAM peine à trouver un leader

LA FIN DES HARICOTS ?

Le concept d’un PAM pour encadrer et promouvoir une nouvelle élite du Règne était pertinent. C’est sa réalisation qui a conduit à une malfaçon pénalisant son offre politique sur le marché national.

Comment va donc finir ce feuilleton interminable du PAM? Il n’est pas de semaine en effet sans que son actualité n’apporte son lot d’éclats, de coups de sang; de convulsions, pour tout dire. Rien ne va plus! Mais alors, comment tout cela vat- il s’achever? Un brouillard épais n’arrive pas à se dissiper.

Quel que soit le terme, le PAM de 2019 peinera à se refaire une santé. Pourquoi? Plusieurs facteurs, cumulatifs d’ailleurs, poussent fortement dans ce sens. Nul doute que le premier d’entre eux est bel et bien une crise de leadership. Après la démission de son secrétaire général, Ilyas Elomari, au début d’août 2017, il a fallu attendre pas moins de neuf mois pour que son successeur, Hakim Benchemmass, soit élu, à l’issue du IIIème congrès, à la fin mai 2018. La crise s’est ainsi installée depuis l’été 2017 et elle semble s’éterniser sans que des voies d’apaisement et de normalisation se dégagent.

Le nouveau secrétaire général ne réussit pas à asseoir son autorité. Un an après son élection, le PAM s’apparente à un bateau ivre nourrissant l’actualité avec les suspensions, les exclusions, les dénonciations médiatiques et la forte sollicitation des réseaux sociaux. Le IVème congrès, prévu normalement pour janvier 2020, sera certainement avancé à l’automne. Mais comment sera-t-il préparé? Avec qui? Et pour quel programme? La question du leadership sera-t-elle réglée, étant acquis que Hakim Benchemmass ne peut guère escompter un second mandat.

Un autre facteur explicatif de l’impasse actuelle doit être évoqué. Référence est faite ici à la nécessité d’un audit de la place et du rôle de ce parti, pratiquement dix ans après sa création en août 2008. Il a été conçu et mis sur pied pour faire face surtout à la formation islamiste du PJD. Peine perdue, il est supplanté par le PJD aussi bien aux élections législatives de 2011 et de 2016. Pourtant programmé pour une vocation gouvernementale, voilà le PAM qui campe dans l’opposition depuis sa création. Les deux cabinets PJD (Benkirane puis El Othmani) n’ont pas voulu qu’il intègre leurs majorités respectives. Les composantes alliées du PJD dans le cabinet El Othamni depuis avril 2017 n’ont pas davantage veillé à lui faire une place à leur côté. Son statut décennal dans l’opposition a-t-il quelque chance d’évoluer à terme, au lendemain des élections législatives de 2021, pour une «normalisation » de sa vocation gouvernementale contrariée depuis une dizaine d’années? En l’état, cette éventualité reste bien aléatoire. Surtout qu’il a pratiquement épuisé son capital et qu’il a été supplanté dans le même périmètre de contre-projet programmatique et sociétal par une formation comme le RNI, présidé par Aziz Akhannouch depuis octobre 2016. Le parti de la colombe a été ainsi réactivé pour prendre le relais d’un PAM qui n’a pas réussi dans sa mission.

Cette formation pâtit aujourd’hui d’autres contraintes qu’elle n’arrive pas -encore?- à surmonter. A côté d’une crise de direction et, partant, de leadership, il faut mentionner des clivages complexes mais prégnants. Le régionalisme n’en est pas le moindre, ravivé par Ilyas El Omari, Hakim Benchemmass et d’autres (Rif); celui de la région de Marrakech, avec Ahmed Akhchichine et Fatima Zahra Mansouri; celui du Souss, illustré par Abdellatif Ouahbi.

A noter encore un fait générationnel entre ceux qui ont été nantis par le PAM et ceux qui se mobilisent pour se faire une place. Et puis, tout le reste qui ne permet pas de fluidifier la vie organique de ce parti, avec les égos surdimensionnés de certains, les intérêts d’autres qui se sont enrichis par suite d’une gestion opaque des finances de ce parti. Le concept d’un PAM pour encadrer et promouvoir une nouvelle élite du Règne était pertinent. C’est sa réalisation qui a conduit à une malfaçon pénalisant son offre politique sur le marché national. Un autre leader peut-il gagner ce challenge?.

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