LE PARTI DE AZIZ AKHANNOUCH EN QUESTION

Pourquoi le RNI ne pipe mot sur ses élus condamnés?

Le parti de la colombe est celui qui compte le plus de députés poursuivis et/ou condamnés par la justice. Un fait qui pourrait s’avérer rédhibitoire par la suite pour lui, s’il ne prend pas clairement position et se mette de façon sérieuse à nettoyer les écuries.


Aziz Akhannouch. Chef du gouvernement et président du RNI.


Sur la trentaine de députés qui sont actuellement dans le collimateur de la justice, six sont encartés au parti du Rassemblement national des indépendants (RNI). À côté, dans la classe politique, personne ne fait “mieux”, si l’on peut dire. Et ce ne sont là que les élus de la première chambre du Parlement. En plus de cela, des condamnations ont également concerné des conseillers communaux du parti de la colombe. C’est donc suffisamment significatif pour être relevé. Et c’est surtout pour remettre en question au moins une partie de la stratégie que cette formation qui, depuis octobre 2021, préside aux destinées du gouvernement, a employé pour pouvoir enlever la première place aux dernières élections du 8 septembre 2021, législatives et communales comprises.

Pour faire du nombre et, par là même, pouvoir faire tomber le Parti de la justice et du développement (PJD) du piédestal sur lequel il se trouvait depuis le Printemps arabe au tournant de la décennie 2010, le RNI a-t-il donc fait l’impasse sur la moralité des troupes à laquelle il a eu recours? On peut, forcément, se poser la question. À partir du moment où, en octobre 2016, Aziz Akhannouch, l’actuel chef du gouvernement, prenait en main le parti en lieu et place d’un Salaheddine Mezouar démissionnaire, une transformation en termes de taille a, de façon évidente, eu lieu. Selon les propres chiffres du RNI, le nombre d’adhérents dépasse désormais les 400.000. C’est qu’une campagne de recrutement agressive a, toutes régions confondues du Royaume, eu lieu, mais il y a aussi le fait que beaucoup ont compris que le RNI était destiné, du fait des moyens mobilisés, à devenir le parti le plus important à l’échelle nationale.

Moralité des troupes
Et qu’il était donc promis à une destinée gouvernementale. Naturellement, cela est pour amener de nombreux opportunistes à se presser au portillon, et ce n’est d’ailleurs là pas une spécificité unique au RNI. Dans tous les partis, y compris au sein du PJD cité plus haut, qui se veut un chantre et un paragon de vertu aux yeux de ses électeurs, on dénombre de nombreux politiques dont les motifs personnels sont à questionner. Cependant, le RNI semble clairement pêcher davantage encore par une chose: d’avoir été tellement obnubilé par la nécessité de faire des résultats électoraux qu’il n’a aucunement pris la peine de nettoyer ses écuries, un peu comme le ferait n’importe quel “parti d’administration” des familles, conclurait- on.

Comme si cela pouvait échauder les potentiels recrues de mener une campagne d’assainissement interne, avant que la justice ne s’en charge de toute façon par la suite. Et c’est malheureusement un état de fait qui perdure. Au cours des derniers mois, aucune prise de position publique n’est à signaler concernant les élus qui se sont retrouvés dans les mailles judiciaires -bien sûr ceux qui sont déjà écroués, car on ne va tout de même pas exiger qu’il fasse fi de la présomption d’innocence. Faute forcément rédhibitoire. Et que la direction du RNI, Aziz Akhannouch en tête, devra réparer en prenant de façon plus ouverte position.

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