Rabat et Madrid sur la même longueur


Le chef de la diplomatie espagnole au Maroc


Responsables marocains et espagnols se félicitent de l’état de coopération entre leurs deux pays.

Un ancien responsable du Centre national de renseignement (CNI) espagnol confiait récemment qu’en son temps, l’ancien président du gouvernement Felipe Gonzalez considérait l’ambassade de Madrid à Rabat comme la plus importante au monde pour nos voisins ibériques. L’actuel locataire du palais de la Moncloa, Mariano Rajoy, n’en pense sans doute pas moins. Pour la deuxième fois depuis février 2017, son ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Alfonso Dastis, s’est rendu ce mercredi 16 mai 2018 au Maroc pour bien assurer aux autorités marocains qu’elles peuvent «compter» sur leurs homologues espagnoles «pour aider à l’établissement d’un cadre privilégié avec l’Union européenne (UE)», selon les termes utilisés par le chef de la diplomatie du voisin du Nord lors d’un point de presse à Rabat avec le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale marocain, Nasser Bourita.

Il faut dire que sous M. Rajoy, les relations hispano-marocaines se sont hissées à un niveau d’excellence sans précédent, après avoir quelque peu battu de l’aile auparavant, notamment sous José Maria Aznar (1996-2004). En juillet 2002, les deux pays avaient même failli en venir aux armes sur fond de crise relative à l’îlot Leila si ce n’était l’intervention du secrétaire d’État américain de l’époque, Colin Powell. Les responsables marocains et espagnols s’enorgueillissent cependant désormais d’une coopération «modèle», qui se traduit notamment par une forte impulsion au niveau économique, puisque l’Espagne est devenue depuis cinq ans le principal partenaire commercial de Rabat, devant même la France.

Des atouts en commun
En marge d’une visite du roi Juan Carlos à Rabat en juillet 2013, les patronats des deux pays avaient mis en place un conseil économique conjoint, le CEMAES, ayant vocation à promouvoir la coopération bilatérale dans le domaine des entreprises. Selon ce qu’a révélé M. Dastis à l’issue de ses entretiens avec M. Bourita, Rabat et Madrid réfléchissent à la possibilité de partager et de mettre en commun leurs atouts pour l’Afrique et l’Amérique latine.

Les entreprises espagnoles, qui comptent quelque 800 entités à l’heure actuelle au Maroc, sont d’après lui appelées à tirer profit de son marché et des possibilités qu’il ouvre dans le reste du continent, «question constitue un véritable défi à l’avenir» pour son pays, d’après ce qu’il a déclaré. M. Bourita s’est, pour sa part, félicité de la coopération qu’il qualifie d’«exemplaire» entre les deux voisins en matière de lutte contre la migration clandestine et le terrorisme, ce alors que leurs services respectifs viennent de démanteler, le 8 mai, une cellule en lien avec l’organisation Daech lors d’une opération conjointe (lire ailleurs).

S’agissant de la question du Sahara marocain, le chef de la diplomatie a salué le rôle «constructif» de Madrid dans le règlement du conflit en tant que membre du groupe des amis du Sahara. A noter que Karima Benyaich, nommée le 19 avril 2018 ambassadrice à Madrid, devait incessamment prendre ses quartiers rue de Serrano, où se trouve l’ambassade.

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