Résistance et le mouvement national dans la zone nord

Abdelkhalek Torrès, le zaïm

Un livre collectif, coordonné par Omar Lemghibchi et Mohamed Tarik Hayyoune, consacré à la résistance dans la zone Nord du Maroc. Il met l’accent sur l’apport essentiel de Abdelkhalek Torrès.

On ne présente certainement plus Abdelkhalek Torrès, leader du Mouvement national marocain et fondateur de l’un des premiers partis du temps du protectorat, le Parti de la Réforme nationale et dont on a célébré, le 27 mai 2020, le cinquantième anniversaire de sa disparition, à l’âge tout juste de 60 ans. Une vie un peu courte mais pleine comme il y en a rarement. Une vie qu’on ne peut cerner dans un article de presse, ni même dans un livre.

C’est ce qui ressort parfaitement de l’avant-propos signé par Kenza Torrès, fille du défunt, du livre collectif paru tout récemment sous le titre La Résistance et le Mouvement national dans le Nord du Maroc (1909-1956). Un livre publié par la Fondation Abdelkhalek Torrès pour l’éducation, la culture et les sciences et dont le président d’honneur est Mohamed Torrès, fils du leader alors que sa soeur Kenza assure la présidence effective.

Les différents intervenants, une bonne dizaine de professeurs universitaires et de chercheurs, ont essayé chacun d’évoquer aussi succinctement que possible le parcours de feu Torrès et son apport crucial à la mise en place d’un mouvement national structuré dans la zone Nord et au Sahara, les deux parties du Maroc colonisées alors par l’Espagne et surtout dans la réunification du mouvement national marocain. Tous les historiens d’ailleurs relèvent la grandeur et l’importance de la décision de Torrès de ‘‘dissoudre’’ son parti au sein du parti l’Istiqlal. Le livre retrace aussi l’attachement de Abdelkhalek Torrès à la démocratie et à la nécessité d’instaurer au lendemain de l’indépendance du Maroc les bases d’un Etat démocratique. Il faut bien le dire, le défunt a appris à s’intéresser à la chose publique auprès de son grand père, Mohamed, ancien ministre des Affaires étrangères sous Hassan 1er, représentant du Maroc à la conférence d’Algésiras en 1906, et de son père, Pacha de Tétouan pendant de longues années. Mais il a acquis une culture politique en fréquentant son père spirituel, Abdeslam Bennouna, un panarabe convaincu.

Culture politique
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’émir libanais Chakib Arsalane, leader du mouvement panarabe dans les années 30, allait effectuer un séjour de plusieurs jours à Tétouan, en 1932, et il allait rencontrer en plus de M. Bennouna, entre autres jeunes en verve Abdelkhalek Torrès. L’engagement de ce dernier pour les causes arabes n’a jamais été démenti. Cela n’est pas le fruit du hasard. Il a été d’abord poursuivre ses études supérieures au Caire, en 1928, là où tous les intellectuels arabes étaient réunis. Il s’inscrit ensuite à la prestigieuse université française La Sorbonne, où il reste d’octobre 1931 à mars 1932. Son court passage à Paris l’a davantage aidé à mieux comprendre le système français. Dans le livre, on retrouve les traces de feu Torrès même dans certaines interventions traitant d’un thème plus général lié au Mouvement national dans le Nord.

Grand communicateur, journaliste, il a écrit dans plusieurs journaux et en a fondé plus d’un. C’est dire que le zaim (leader), tel que l’appelaient les écrits du Mouvement national, avait plus d’une corde à son arc. Tout cela, le livre en donne un aperçu qui peut intéresser les chercheurs et les étudiants en quête de documents sur les années de la lutte contre le protectorat. Il avait surtout des convictions chevillées au corps et un rêve pour un Maroc démocratique et puissant.

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