Une tragédie, un état de choc national, une profonde émotion dont les conséquences ne sont pas prévisibles ni prédictibles. Le poissonnier d’Al Hoceima, Mohssine Fikri, broyé par une benne à ordures, vendredi 28 octobre 2016, a suscité la peine et l’affliction de tous. Comment un tel acte a-t-il pu se produire, sur la voie publique, devant des dizaines de personnes?
A plus de 6.500 km de là, S.M. le Roi, en visite en Tanzanie, a été informé dès les premières heures qui ont suivi. Il s’est entretenu au moins quatre fois avec le ministre de l’Intérieur pour avoir les éléments réunis par ce département et il a pris le dossier en main.
Comment? En donnant ses instructions à Mohamed Hassad de se rendre sur place dès dimanche 30 octobre. Quel était l’ordre de mission? Présenter tout d’abord des condoléances royales à la famille du défunt, mener une enquête minutieuse et approfondie et diligenter les poursuites dans ce drame.
La machine policière et judiciaire a été ainsi mise en route dans des conditions de célérité tout à fait particulières. La BNPJ a fait son travail d’enquête et d’audition, et ce à l’initiative du Parquet général de la cour d’appel d’Al Hoceïma. Onze personnes ont été mises en garde à vue et huit d’entre elles ont été placées sous mandat de dépôt (lire notre dossier de couverture pages 10-19). Le Souverain est sans nul doute tenu informé des développements quotidiens de cette procédure. Et comme il s’est saisi de cette affaire, l’on veut croire qu’aucune entrave de quelque nature que ce soit ne sera apportée à l’exigence d’une bonne administration de la justice.
Il y a là, chez le Roi, une sincère compassion, mais aussi autre chose. De la réactivité. Et la ferme volonté d’une totale transparence à l’endroit de la famille et de l’opinion publique. La DGSN a ainsi communiqué, pour démentir fermement les allégations de certains réseaux sociaux mettant en cause ses fonctionnaires. Le procureur général aussi par voie de presse puis verbalement –en tarifit d’ailleurs. C’est dire que, conformément aux instructions royales, tout le monde est informé de la même manière, pratiquement en temps réel, dans le cadre institutionnel d’un État de droit.
L’émotion partagée par tous se traite et se décline désormais dans le chemin requis. On le doit au Roi, ultime recours bien au-delà de sa seule charge institutionnelle, assumant de nouveau sa mission de premier serviteur d’une communauté organique touchée au plus profond d’elle-même