Le Royaume garant de la stabilité régionale et partenaire dans la lutte anti-terroriste


Le Maroc passe à l'offensive


Le Royaume est de plus en plus à l’aise pour faire entendre sa voix sur la scène internationale, alors que le différend artificiel autour de ses provinces sahariennes semblait comme le brider.

À peine rentré le 16 avril 2018 au Maroc après une période de convalescence de sept semaines en France suite à l’opération du coeur qu’il y avait subie le 26 février 2018, le Roi Mohammed VI a déjà pleinement repris ses activités. Conseil des ministres le 19 avril, visite du siège de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) le 24,... et aussi la nomination d’une douzaine de nouveaux ambassadeurs.

Ces diplomates sont désormais appelés à représenter le Souverain en Arabie saoudite, en Chine, en Mongolie, en Mauritanie, en Espagne, en Ukraine, en Géorgie, au Canada, en République tchèque, au Portugal, au Ghana, à Cuba ainsi qu’auprès de l’Office des Nations unies à Genève et de l’Union africaine (UA). Leurs lettres de créances leur ont été remises le 19 avril au palais royal de la capitale, Rabat.

Force de frappe
Que l’une des premières activités de Mohammed VI après son retour ait trait à la diplomatie en dit long sur l’intérêt qu’il accorde à la chose. La question du Sahara marocain n’y est sans doute pas étrangère. D’ailleurs au même moment se déroulaient dans les lobbys du siège des Nations unies dans la ville de New York, aux États-Unis, les tractations relatives à la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur la situation concernant la région.

Une mouture qui, cette année, a tardé à être votée sur fond de tensions occidentalo- russes en raison de la gestion du conflit syrien, mais dont la version posée sur la table du Conseil de sécurité au soir du mercredi 25 avril satisfait pleinement la partie marocaine, dans la mesure où elle somme le mouvement séparatiste du Front Polisario de retirer ses éléments qu’il avait stationnés dans la zone tampon située à l’Est du mur de défense depuis le 29 mars 2018, en plus de faire mention pour la deuxième année consécutive de l’Algérie comme partie prenante au conflit, et non plus comme simple soutien de la pseudo «cause sahraouie» comme persiste et signe la voisine de l’Est. Ces deux points figuraient au coeur du message royal que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, avait remis au secrétaire général des Nations unies, António Guterres, le 4 avril 2018.

Position catégorique
Ce succès, qui n’est pas le premier de la diplomatie marocaine ces dernières années par rapport au conflit du Sahara marocain, s’est fait au prix d’efforts et d’un redéploiement qui a donné au Maroc une force de frappe inégalable dans la région.

Le Royaume est de plus en plus à l’aise pour faire entendre sa voix sur la scène internationale, alors que le différend artificiel autour de ses provinces sahariennes semblait comme le brider. Le 14 avril, il a par exemple très clairement pris ses distances avec les bombardements américains, français et britanniques ayant ciblé la Syrie, alors que quelques années plus tôt il se serait sans doute aligné sur l’Occident. Beaucoup se souviennent de la passe d’armes le 30 août 2012 à la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU) entre l’actuel chef du gouvernement Saâd Eddine El Othmani, qui occupait alors le maroquin du ministère des Affaires étrangères, et l’ambassadeur syrien Bashar Jaafari. Le 12 décembre 2012, le Maroc avait accueilli dans la ville de Marrakech la quatrième Conférence internationale des amis de la Syrie, acquise à l’opposition syrienne et qui était soutenue par les pays occidentaux.

L’ambiguïté, selon un mot de S.M. Mohammed VI, de certains alliés sur la question du Sahara marocain semble toutefois avoir fait changer son fusil d’épaule à Rabat.
Le Souverain avait dénoncé le 20 avril 2016, dans un discours prononcé au premier sommet Maroc-Golfe dans la ville de Dariya en Arabie saoudite, des manoeuvres orchestrées contre l’intégrité territoriale du Maroc. Selon lui, ces manoeuvres tentent de déligitimer la présence du Royaume dans son Sahara. Il faisait vraisemblablement référence aux propos du secrétaire général des Nations unies de l’époque, Ban Ki-moon, qui lors d’une visite le 5 mars 2016 aux camps de réfugiés sahraouis dans la région de Tindouf en Algérie avait qualifié cette présence d’«occupation». Cette prise de position des plus catégoriques qui enfreint les propres résolutions du Conseil de sécurité était intervenue dans un contexte où certains pays semblaient souffler le chaud et le froid à l’égard de la première cause nationale, à commencer par les États-Unis.

Un pays actif
Ces derniers avaient été l’auteur le 9 avril 2013, par l’entremise de leur représentante permanente aux Nations unies, Susan Rice, d’une proposition de résolution sur la situation concernant le Sahara marocain incluant la surveillance des droits humains. Les responsables marocains, réunis au Cabinet royal, avaient exprimé leur «préoccupation» vis-à-vis d’une démarche qualifiée d’«unilatérale et sans consultation préalable, en termes de contenu, de contexte et de procédé». Suite aux propos de M. Ban, Washington s’était gardé deux semaines durant de réagir, avant de seulement s’exprimer le 19 mars 2016 par la voix du porte-parole de sa mission permanente à l’ONU, Kurtis Cooper, puis le 23 mars 2016 par celle de son secrétaire d’État, John Kerry.

Nouvelle résolution
Ce dernier avait affirmé à S.M. Mohammed VI, dans un appel téléphonique, que son pays considérait toujours l’initiative marocaine d’autonomie comme étant sérieuse, réaliste et crédible et comme une approche potentielle pouvant satisfaire les aspirations de la population du Sahara marocain à gérer ses propres affaires dans la paix et la dignité, en renvoyant aux propos tenus par le président Barack Obama à S.M. Roi lors de leur rencontre au sommet le 22 novembre 2013 à la Maison-Blanche. Mais le lien de confiance semblait rompu.

le Roi Mohammed VI avait d’ailleurs pris à partie, dans son discours du trente-neuvième anniversaire de la Marche verte le 6 novembre 2014, l’administration américaine, qui d’une part réaffirme que le Maroc est un modèle en matière de progrès démocratique, un pays actif dans l’action menée pour garantir la sécurité et la stabilité dans la région et un partenaire dans la lutte anti-terroriste, mais ne fait pas assumer à l’Algérie sa responsabilité en tant que principale partie dans le conflit saharien.

Dans son discours de Dariya, S.M. le Roi avait fait part de l’intention du Royaume de diversifier ses partenariats. Il avait cité l’Inde et la Russie, où il s’était rendu au cours des mois précédents, ainsi que la Chine, qu’il avait visitée quelques semaines plus tard, les 11 et 12 avril 2016. En ce qui concerne particulièrement Moscou, Rabat allait saisir l’occasion d’une bourde du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane -qui avait accusé le 30 novembre 2016, dans une déclaration à l’agence Quds Press, l’aviation russe de détruire la Syrie- pour exprimer son respect visà- vis du rôle et de l’action du pays de Vladimir Poutine. Au plan régional, le Maroc refuse désormais de prendre position dans le conflit irano-saoudien. Après plusieurs années de brouille suite à des propos irrédentistes sur Bahreïn, qualifié en février 2009 de quatorzième province iranienne par un conseiller du guide de la Révolution iranienne Ali Khamenei, Rabat et Téhéran ont petit à petit repris langue et disposent aujourd’hui d’ambassadeurs respectifs en les personnes de Hassan Hami -depuis le 31 décembre 2016- et Mohammed Taghi Moayed -depuis le 18 juin 2015. Suite aux heurts ayant fait suite à l’exécution, le 2 janvier 2016, du leader chiite Nimr Baqr al-Nimr par les autorités saoudiennes, le Maroc s’était contenté de «compte sur la sagesse» des responsables des pays concernés.

Nouvelle neutralité
Le Royaume refuse également de se départir de sa nouvelle neutralité dans la crise opposant justement depuis le 5 juin 2017 d’une part Riyad avec le soutien d’Abou Dabi, de Manama et du Caire, et d’autre part Doha. Le 12 novembre 2017, S.M. le Roi Mohammed VI avait été la première personne à briser le blocus des quatre premières capitales citées contre le Qatar en s’y rendant à bord de son avion à partir des Émirats arabes unis. Le Maroc avait également envoyé le 12 juin 2017 de l’aide alimentaire à l’émirat golfique.

Une position, ou plutôt un refus de prendre position, qui n’a certes pas plu dans certains milieux saoudiens, comme l’illustrent les tweets du président de l’Autorité générale des sports et du Comité olympique d’Arabie saoudite, Turki Al-Sheikh, soutenant la candidature nord-américaine à l’organisation de la Coupe du monde de football de 2026 au détriment de celle du Maroc. Le selfie posté le 9 avril 2018 sur Twitter par le Premier ministre libanais Saâd Hariri avec le Roi Mohammed VI et le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman balaie toutefois pour l’instant les bruits de crise entre Rabat et Riyad. Les trois hommes s’étaient retrouvés dans un restaurant parisien.

Diplomatie anticipative
En Afrique, S.M. Mohammed VI est désormais reconnu comme un des critiques les plus acerbes de la politique d’assistanat des grandes puissances. Dans un discours qu’il avait prononcé le 24 février 2014 dans la ville d’Abidjan en ouverture du premier forum économique maroco-ivoirien, il avait appelé les pays du continent à se faire confiance les uns les autres. Propos réitérés par la suite à différentes occasions, notamment celle de l’adhésion du Maroc à l’UA le 31 janvier 2017.

Le rôle de S.M. le Roi Mohammed VI est salué par nombre de dirigeants africains, qui lui avaient confié le 14 mars 2017 le délicat programme de la migration. La stratégie diplomatique du Maroc, le Roi l’avait énoncée dans un message qu’il avait adressé le 30 août 2013 à la première conférence des ambassadeurs. Il s’était fait l’avocat d’une diplomatie «dynamique et anticipative ayant des objectifs précis et une compréhension pointue de son environnement, et adoptant une approche novatrice dans son travail.»

Il avait souligné l’importance de maintenir le cap et l’impératif de déjouer les manœuvres et les tentatives visant l’unité du Maroc et son intégrité territoriale. Les adversaires du Royaume n’ont qu’à bien se tenir: la diplomatie marocaine ne semble pas près de lâcher du lest. Le Souverain est le premier à y veiller.

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