Sahara, 43 ans de guerre froide, KHLASS BARAKA !



DANS SON DISCOURS DE LA MARCHE VERTE, S.M. LE ROI APPELLE À LA NORMALISATION AVEC L’ALGÉRIE.

Le ton est grave; le propos est calme et mesuré. Il prend à contre-pied le climat politique qui prévaut actuellement au niveau du Maghreb. C’est précisément pour cette situation que S.M. le Roi a entamé son discours de commémoration du 43ème anniversaire de la marche verte, par une mise en contexte où la réalité est fidèlement retranscrite. L’état dans lequel se trouve cette partie de l’Afrique et du monde arabe est qualifié par le Souverain d’«insensé ». Car rien ne justifie le climat délétère qui règne actuellement et qui ne répond à aucune catégorie de réflexion fondée sur la logique et l’entendement. Ce qui unit les peuples algérien et marocain est beaucoup plus fort que ce qui peut les diviser.

Vicissitudes de l’histoire
La religion, la langue et l’histoire, rappelle le Souverain, ont façonné notre identité partagée dans une communauté de destin. Armés de ces liens d’une solide fraternité, nous avons mené ensemble des combats que les vicissitudes de l’histoire nous imposaient.

Ces liens ont été scellés par la conférence de Tanger en 1958 entre les partis engagés dans le processus de développement économique et social, tels l’Istiqlal marocain et le Destour tunisien; ou en pleine guerre de libération nationale incarnée par le FLN algérien. S.M. le Roi a rappelé qu’avant Tanger, il y a eu, des années durant, sans discontinuer, l’appui que le Maroc incarné par le Trône a apporté à la révolution algérienne. Chacun sait ce que Oujda, où étaient rassemblés les leaders de la résistance algérienne, représentait pour l’épopée anti-coloniale de l’Algérie, en termes d’organisation et de logistique. Mais au delà, sur le plan strictement humain, le Souverain a évoqué le cas de «nombreuses familles marocaines ou algériennes qui partagent des liens de sang et de parenté». Autrement dit, «nous nous connaissons suffisamment, à tel point que nous n’avons nul besoin d’une tierce partie d’intercesseurs ou de médiateurs», pour identifier et régler nos problèmes bilatéraux ou régionaux. «Nous avons tous les atouts pour le faire». Seule manque une volonté politique qui reste à rechercher inlassablement.

Le Souverain a été jusqu’à en appeler à Dieu comme témoin des mesures prises et de la ligne de conduite à suivre pour la normalisation des relations maroco-algériennes, depuis son accession au Trône, à commencer par l’ouverture des frontières.

«Je déclare aujourd’hui la disposition du Maroc pour un dialogue direct et franc avec l’Algérie soeur afin de dépasser les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement de nos relations.» À relever ici que le Souverain emploie le «Je» et non le «Nous». Un gage supplémentaire d’engagement au nom de l’État.

Difficile d’aller plus loin dans la crédibilité du discours, d’autant plus qu’il n’est pas question de se contenter de belles paroles, facilement jetables le lendemain. Une fois exprimé d’une façon directe qui ne souffre aucun équivoque, cet engagement est suivi de moyens de faisabilité, de productivité et de durée. «Je propose à nos frères en Algérie la création d’un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation», a dit le Souverain.

Dialogue constructif
Le Maroc est prêt à recevoir sincèrement d’éventuelles initiatives de la partie algérienne. L’objectif étant de désamorcer le blocage actuel. Le mécanisme proposé par S.M. le Roi a pour vocation d’examiner toutes les questions bilatérales. Sans être expert en la matière, on aura remarqué à quel point le Souverain tient à utiliser des qualificatifs tels sincérité et bonne foi. Comme quoi la politique politicienne des relations internationales ne devrait pas interférer dans les affaires maroco-algériennes.

Ceci dit, malgré toutes les invites à un dialogue et à une coopération constructifs, le Souverain a réaffirmé que le Maroc défendra son intégrité territoriale avec la même opiniâtreté et la même clarté d’esprit.

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