SAHARA MAROCAIN: Le bon millésime 2018



Rabat a fini par faire prévaloir sa position, à savoir que l’Algérie est l’acteur essentiel de ce conflit artificiel entretenu depuis plus de quatre décennies.

L’année 2018 a marqué -enfin!...- la consécration du bien-fondé de la position du Maroc sur la question nationale du Sahara. Elle a fini en effet par la rencontre, à Genève les 5-6 décembre, dans le cadre d’une table ronde, entre les quatre parties que sont le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario, et ce à l’invitation de Horst Köhler, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU. Ce rendez-vous est d’un intérêt majeur et ce pour plusieurs raisons. La première a trait au fait que les contacts et les négociations directes avaient été suspendues depuis mars 2012.

C’était à cette date le dernier rendez-vous de pas moins de neuf rounds initiés depuis 2007 dans ce que l’on a appelé le processus de Manhasset, près de New York. Le deuxième fait à relever intéresse le format de cette rencontre de Genève. Il n’y a plus, en effet, la formule de format «2 + 2» avec d’un côté deux parties -le Maroc et le mouvement séparatiste- et deux observateurs -l’Algérie et la Mauritanie, mais la participation de ces parties.

Une révision totale
Le voisin de l’Est a ainsi vu son statut rehaussé, si l’on peut dire. Et ce surclassement est un succès de la diplomatie marocaine. Rabat a fini par faire prévaloir sa position, à savoir que l’Algérie est l’acteur essentiel de ce conflit artificiel entretenu depuis plus de quatre décennies: Ce pays est le problème et en même temps la solution. La communauté internationale a fini par se rallier à cette position. Une révision totale dans la mesure où toutes les résolutions du Conseil de sécurité avaient précédemment fait seulement référence aux «pays voisins» ou encore aux «pays de la région», sans aller plus loin. Or, cette haute instance, dans sa dernière résolution 2440, en date du 31 octobre 2018, a nommément désigné trois fois l’Algérie comme «partie», comme la Mauritanie d’ailleurs.

Une problématique régionale
Enfin, un dernier paramètre du rendez-vous de Genève n’est pas le moins significatif. Le cadre de cette rencontre était une «table ronde», pas des négociations. L’ordre du jour établi a retenu deux points. Après un premier entretien de départ avec chacun des participants, Horst Köhler a abordé le thème suivant, le lendemain: «Les opportunités et défis d’une véritable intégration régionale».

Voilà bien une approche pratiquement inédite puisque c’est la première fois qu’un tel processus en fait une question à part, décrochée mais en même temps liée à la question nationale. A l’issue de cette rencontre, Horst Köhler a publié un communiqué pour relever que cette table ronde est «un pas important vers un processus politique renouvelé pour l’avenir du Sahara». A ses yeux, «personne ne gagne à maintenir le statu quo» en ce sens «qu’il est dans l’intérêt de tous de résoudre ce conflit afin de créer un environnement propice à une forte croissance à la création d’emplois et à un meilleure sécurité».

Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lui, a souligné que le Maroc continuera à travailler avec M. Köhler pour préparer les prochaines échéances «avec la même sérénité, le même esprit positif et le même référentiel clair».

Une manière de baliser de nouveau la position du Royaume et de la revalider dans l’optique de la deuxième table ronde, prévue à la fin du mois de mars 2019. Il a aussi souligné les deux principes fondant la «position claire» du Maroc: un engagement pour soutenir les efforts de l’envoyé personnel de l’ONU pour «parvenir à une solution politique réaliste, pragmatique fondée sur le compromis»; la volonté de Rabat de voir l’actuel processus se départir de «la rhétorique des plans antérieurs qui ne sont pas applicables, des options irréalistes et même des modus operandi qui ne sont pas acceptables». Et d’ajouter encore que la volonté du Maroc est sincère pour relancer l’intégration régionale afin de permettre au Maghreb d’être enfin un acteur de paix, de stabilité et de développement. Abordant le référentiel de ce rendez-vous, M. Bourita a tenu aussi à préciser qu’il est intervenu quelques semaines après la résolution 2440 du Conseil de sécurité du 31 octobre dernier.

Les termes d’un processus
C’est ce texte (paragraphe 2) qui assigne précisément à cette table ronde de rechercher et de parvenir à une «solution pragmatique, réaliste et fondée sur le compromis». La prochaine table ronde, dans trois mois environ, devra donc être bien préparée, sur la base de la consolidation des acquis de la première table ronde des 5-6 décembre. Cette deuxième table ronde à la fin mars ne pourrait donner les résultats qui en sont attendus que si, d’ici là, un accord se fait sur des points importants.

Elle doit permettre de finaliser et d’acter les termes d’un processus, les procédures et les mécanismes pertinents et opératoires pour y arriver et arrêter la suite. C’est dire que les contacts que va mener M. Köhler dès les premières semaines de la nouvelle année 2019 doivent viser à rapprocher les positions respectives. Le Maroc sera attentif à l’esprit constructif attendu de l’Algérie et du mouvement séparatiste. 2018 aura été un bon millésime pour le Maroc. La nouvelle année devra -et ne pourra- être qu’un autre bon cru...

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