L’emploi au Maroc va mal. Quoi qu’en disent les analystes du Haut Commissariat au Plan (HCP) qui viennent de nous signaler tout récemment que le chômage a baissé à 9,2% en 2019: 12,9% dans les villes et 3,7% dans les campagnes. L’économie, disent-ils, a créé 165.000 postes d’emploi, contre 111.000 l’année dernière. C’est dans le milieu urbain que les opportunités restent plus importantes: 250.000 postes. En revanche, le milieu rural a connu la perte de 85.000 emplois. Sans parler du secteur industriel, y compris l’artisanat, qui peine à créer 17.000 postes de travail et du secteur des BTP qui fait un peu mieux avec sa création de 24.000 postes d’emploi, c’est du côté des services qu’il faut se tourner pour constater un nombre des plus importants dans la création d’opportunités d’emploi: pas moins de 267.000 postes. Résultat: la contribution des activités primaires (agriculture, forêts et pêche) ne cesse de baisser alors que celle du secteur tertiaire augmente.
Aux côtés du BTP, les services restent les plus dynamiques en matière de création d’emplois, et ce depuis la période allant de 2000 à 2012. L’agriculture ne contribue depuis que faiblement à cette création d’emplois, elle a même enregistré des pertes importantes en 2019:160.000 emplois dans le rural.
Certes, les statistiques du HCP ne nous disent pas grand chose sur la qualité de ces services. Appartiennent-ils au secteur formel ou au secteur informel? Secteur informel où dominent des activités de service de survie. Par contre, le secteur organisé des services peut offrir des opportunités d’emplois plus pérennes. C’est le cas de l’offoshoring, dont l’essentiel est formé par trois métiers classiques, dont celui de la gestion des relations clients et centres d’appels qu’on désigne par CRM. Métier le plus développé au Maroc. D’ailleurs, malgré la conjoncture, 2019 a connu une accélération de la croissance globale de l’externalisation dans tous les métiers: CRM, activité IT Outsourcing (ITO) et Business Processing Outsourcing (BPO). Une opportunité à saisir pour le Royaume s’il veut créer davantage d’emplois.
En effet, si, au Maroc, certaines branches comme l’automobile contribuent à dynamiser la création d’emplois dans l’industrie, en contribuant à hauteur de 27% de l’emploi industriel, c’est dans certains segments du secteur des services comme l’offshoring que la création d’emplois peut atteindre plus de 100.000 emplois de salariés, essentiellement des jeunes (moyenne d’âge 28-30 ans). Un ascenseur social puisque 3.000 salariés formés intègrent chaque année le secteur tertiaire. Certains diront que ce sont des créations d’emplois qui n’auraient pas pu voir le jour sans la stratégie d’externalisation des certaines firmes étrangères, notamment françaises, qui ont délocalisé ce type d’activités au Maroc. Un tel gisement d’emplois risque, alors, de se tarir si le secteur de l’offshoring ne monte pas en compétences et en valeur ajoutée et ne développe pas des ressources humaines plus qualifiées. La concurrence de certains pays de l’Afrique de l’Ouest nous guette plus que jamais.