SIAM 2024: Le Maroc, un terrain propice au développement des investissements agricoles

La 16ème édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), qui se tient du 22 au 28 avril 2024 à Meknès, fait office de plaque tournante des affaires agricoles au Maroc. Ce rendez-vous phare de l’agriculture marocaine attire un nombre important d’investisseurs, nationaux et internationaux, dans la perspective de stimuler ce secteur économique clé. Nouveautés, révélations de la direction du SIAM, projet agricole phare de la Côte d’Ivoire, ce que disent les Espagnols du Maroc… Les détails.


SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan préside l’ouverture de la 16ème édition du SIAM.
Meknès, le 22 avril 2024.


Située à trois heures de route de Casablanca, la capitale ismaélienne, Meknès, est en effervescence jusqu’au 28 avril 2024. Investisseurs nationaux et internationaux, grands et petits agriculteurs, ont répondu présent à l’appel pressant de cet événement d’envergure qu’est l’édition 2024 du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM). Plusieurs changements ont été opérés cette année par la direction du SIAM, à l’instar notamment de la superficie, qui est désormais de 12,4 hectares, en hausse de 13% par rapport à l’année précédente. L’extension de la capacité d’accueil du Salon signifie l’engouement que connaît ce rassemblement international parmi les acteurs de l’industrie agricole et les investisseurs.

«Pourquoi Meknès?», s’interroge l’un des visiteurs, avant que Mehdi Tamimount, chef de service développement de l’offre territoriale intégrée au sein du Conseil régional d’investissement (CRI) de Fès-Meknès, n’entame son pitch blindé d’informations relatives au secteur agricole par lequel se caractérise la région. «Parce qu’elle dispose de 13,4% de la superficie agricole utile nationale. Cette superficie correspond à 1,2 million d’hectares», expose-t-il. Deuxième région contributrice au PIB agricole national depuis 2015, Fès-Meknès est depuis 2007 le centre d’attention des acteurs de l’industrie agricole qui préfèrent se réunir dans le cadre de ce rendez-vous annuel, pour créer de nouvelles perspectives de coopération et d’investissement.

Divisées en un pôle agro-industriel phare et en territoire de 1ère transformation, les différentes zones géographiques de la région possèdent des atouts qui en font un hub agricole national. La cartographie de l’écosystème agricole régional démontre que Meknès et El Hajeb sont bel et bien des zones où l’agro-industrie est solidement établie. Cela s’explique particulièrement par la domination de ces deux villes en termes de superficie des terres agricoles promptes au développement de l’agro-industrie. Entre autres secteurs d’activité liés directement à l’agriculture, la nouvelle stratégie de repositionnement mise en oeuvre par les parties prenantes régionales en partenariat avec le CRI met l’accent sur ce créneau agricole, nous explique Amjad Kiti, directeur du pôle impulsion économique et offre territoriale du CRI Fès-Meknès.

Perspectives d’évolution
Etant donné que l’Espagne a été désignée cette année en tant qu’invitée d’honneur, Maroc Hebdo a sollicité certains exposants issus de la péninsule Ibérique en vue de recueillir leurs impressions. «Le Maroc nous offre beaucoup d’opportunités d’investissement et nous permet d’étendre notre part de marché à son échelle », s’exclame Mayte Marco, gérante de la société espagnole Unirain, spécialisée dans la fabrication de produits d’irrigation. Cette exposante espagnole, affiche un optimisme pétri de certitude quant aux perspectives d’évolution de son activité dans le pays. «Depuis 2007, nous avons déjà développé un carnet d’adresse important au Maroc», assure-telle. Approché par Maroc Hebdo, un autre exposant espagnol, nous a fait part de son expérience de longue date dans la commercialisation du fil de fer galvanisé. «Le Maroc est une destination de tourisme et d’affaires par excellence. Mes principaux clients dans le marché marocain sont tous des acteurs agricoles», révèle-t-il. «Ce que certains envient à votre pays, ce sont son climat et ses terres fertiles», fait-il remarquer. Pour ce fournisseur espagnol, le Maroc est le seul pays vers lequel il exporte du fil de fer aux clients opérant dans le secteur agricole.


Le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, et son homologue espagnol, Luis Planas,
effectuent une visite conjointe au stand espagnol au SIAM. Meknès, le 23 avril 2024.


Pistes d’investissement
Dans le cadre de la couverture du SIAM, Maroc Hebdo a appris d’une source bien informée au sein de la direction du Salon que la Roumanie figure parmi les pays avec lesquels le Maroc souhaite développer des opportunités d’affaires en agriculture. Cette volonté a également été exprimée par l’ambassadrice de Roumanie lors d’une entrevue qu’on a réalisée en marge du SIAM. «Je suis ravie de constater que notre pays est représenté par une délégation roumaine composée de six entreprises participant au SIAM», se félicite d’entrée de jeu Maria Ciobanu, ambassadrice de Roumanie au Maroc. «Je rappelle que les échanges commerciaux entre le Maroc et la Roumanie ont dépassé 1,5 milliard de dollars l’année dernière, avec une contribution considérable du secteur agricole», poursuit-elle. Considérant que le SIAM est une bonne adresse pour renforcer les échanges économiques bilatéraux, cette délégation ambitionne d’exploiter de nouvelles pistes d’investissement au Maroc, notamment dans l’élevage de bestiaux, l’exploitation de sel naturel, la culture de thé, etc.

En 2023, le Maroc avait importé 15.000 têtes de moutons de Roumanie. Cette année encore, «Nous avons également de bonnes perspectives pour contribuer à la fête du sacrifice des Marocains», nous confie l’ambassadrice de Roumanie au Maroc. A ce sujet, Lavinia Dargu, responsable relations avec les fournisseurs chez A&Q Grup 2000 Romania, nous informe que son pays est disposé à collaborer avec le Maroc en matière d’élevage de bétail et de production de viande rouge. Par ailleurs, en dehors de la culture céréalière qui positionne la Roumanie comme le troisième pays exportateur des céréales après la France et l’Allemagne, ce pays d’Europe du Sud-Est dispose de divers potentiels permettant d’augmenter le flux des échanges commerciaux entre les deux pays, notamment dans le domaine de la production végétale.

C’est ce que nous confirme Marius Mihai Micu, président de la Fédération nationale ProAgro. Cette fédération, qui regroupe plus de vingt associations, couvre plus de 50% de la production agricole et 17% de l’industrie alimentaire en Roumanie: «Nous avons veillé à ce que notre stand soit représenté par les principaux producteurs agricoles de notre pays. Le Maroc occupe une place importante à notre égard, et nos liens commerciaux en témoignent. Cependant, nous avons également constaté un grand intérêt pour d’autres secteurs et produits finis, nous explique Adrian Pintea, secrétaire d’Etat roumain au ministère de l’agriculture».

Caoutchouc naturel
En raison du thème de la 16ème édition du SIAM, la Côte d’Ivoire est présente cette année avec une délégation représentant entre autres les producteurs d’hévéa. Cette culture constitue l’échine dorsale de l’industrie pneumatique à l’échelle internationale, car tous les fabricants de pneus à travers le monde s’en approvisionnent. «Le caoutchouc naturel est utilisé par les pneumatiquiers. Nous sommes le premier pays africain qui dispose d’un potentiel avéré de la culture d’hévéa», assure Dagniny Doukouré, président de l’association des producteurs pour la redynamisation de l’hévéaculture en Côte d’Ivoire.

La principale destination du caoutchouc naturel transformé (TSR) est l’industrie des pneumatiques utilisés dans le transport routier et aérien. Ensuite, l’industrie pharmaceutique utilise le TSR pour la fabrication de gants, préservatifs et plastiques médicaux naturels. L’industrie de la literie, notamment la fabrication de matelas, est également un marché potentiel pour les producteurs du caoutchouc naturel. «Nous sommes le troisième pays en termes de production d’hévéa, avec une production annuelle de 1,6 million de tonnes », souligne avec fierté Karim Diarra, 2ème vice-président de l’association des usiniers producteurs de caoutchouc naturel. L’écart existant entre l’Asie, qui est le principal et unique continent concurrent de la Côte d’Ivoire dans la production d’hévéa avec une production annuelle d’environ 2,3 millions de tonnes, devrait se réduire progressivement.


Maria Ciobanu, ambassadrice de Roumanie au Maroc et un
envoyé du ministère roumain de l’Agriculture


Marché africain
En effet, la Côte d’Ivoire avait précédemment étendu ses vergers d’hévéa. De nouvelles récoltes sont attendues par les acteurs agricoles de la filière, nous déclare- t-on. Historiquement, les fabricants de pneus avaient l’habitude de se tourner vers le marché asiatique pour s’approvisionner en matières premières nécessaires à leur industrie. Cela pourrait s’expliquer par deux raisons. D’une part, l’hévéaculture en Afrique de l’Ouest, et principalement en Côte d’Ivoire, est plus récente qu’en Asie. D'autre part, les industriels ne passent des commandes sur le marché africain qu’en appoint ou lorsque le coût de fret évolue. «A travers notre présence, on voudrait leur prouver que le caoutchouc naturel africain de manière générale a les mêmes propriétés recherchées. Il n’y a aucun intérêt d’aller s’approvisionner en Asie, car l’Afrique est plus proche de l’Europe. D’autant plus qu’on dispose de toute la chaîne logistique nécessaire, souligne-t-il.

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