Qui pour succéder à Driss Lachgar?

GUERRE DE CHEFS À L'USFP

A mesure que le XIe congrès approche, la flamme de la contestation semble se raviver de plus en plus à l’USFP.

Bien qu’il ait affirmé, en mars 2019, qu’il ne ferait pas modifier les statuts de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) de sorte à pouvoir se présenter pour un troisième mandat à la tête du parti, Driss Lachgar demeure cependant dans la ligne de mire de ses détracteurs. En effet, c’est dans une ambiance électrique que se sont déroulés, ce 29 juin, les travaux du conseil national de la formation, au point de presque reléguer ce dernier au second plan. L’USFP s’y est pourtant fendue de propositions d’intérêt non négligeable en ce qui s’agit notamment de la Constitution, dont elle a appelé à réviser l’article 47, qui impose de désigner le Chef du gouvernement au sein du parti arrivé premier aux législatives, en plus de plaider pour un passage au mode de scrutin uninominal en lieu et place du scrutin par liste.

C’est que la guerre fait rage pour prendre la succession de M. Lachgar et, justement, ce dernier est une cible tout indiquée tant son mandat, qui a débuté au IXe congrès de décembre 2012 et a été reconduit en mai 2017, a divisé. On se souvient notamment de la tentative de feu Ahmed Zaïdi, mort dans un accident de voiture à Bouznika en novembre 2014, de faire scission avec plusieurs autres responsables «ittihadis» et de créer le parti de l’Alternative démocratique, finalement interdit en juin 2016, à quelques semaines des législatives du 7 octobre 2016, par le ministère de l’Intérieur.

Une ambiance électrique
M. Lachgar a également été accusé de phagocyter l’USFP en imposant les siens à différents postes de responsabilités, à l’instar de Abdellah Sibari, élu lors d’un très sanglant congrès en juillet 2014 secrétaire général de la Jeunesse ittihadie, ou de Mohamed Fatihi, qu’il avait soutenu bec et ongles à la tête de la Fédération démocratique du travail (FDT), aile syndicale du parti, face à Abderrahmane Azzouzi, dont on ne peut pas dire que ce soit son ami. Suite à l’élection, en janvier 2017, du président du conseil national de l’USFP, Habib El Malki, à la présidence de la Chambre des représentants et l’entrée, trois mois plus tard, du parti dans le gouvernement de Saâd Eddine El Othmani après plus de cinq ans dans l’opposition, les choses s’étaient quelque peu tassées et l’ancien ministre chargé des Relations avec le Parlement (4 janvier 2010-3 janvier 2012) semblait enfin faire la paix devant lui, mais à mesure, donc, que le XIe congrès s’approche la contestation à son encontre paraît grandir à vue d’oeil: on avait ainsi vu, au tournant de l’année, les responsables de la formation à Mohammedia et Imintanoute contribuer à faire élire des présidents du conseil de la ville issus du Parti de la justice et du développement (PJD) -à savoir, respectivement, Imane Sabir et Brahim Yahya-, alors que M. Lachgar leur avait bien donné la consigne contraire.

Le ministre délégué USFP chargé de la Réforme de l’administration et de la Fonction publique, Mohamed Benabdelkader, s’est également distingué, récemment, par plusieurs sorties prenant à partie l’actuelle direction et appelant à l’organisation de ce qu’il a appelé un «forum des idées» pour discuter de l’idéologie du parti à l’aune des développements actuels sur la scène et marocaine et internationale. Beaucoup y voient l’ambition de succéder à M. Lachgar, bien que le principal concerné n’ait pipé mot pour l’instant. Selon le bruit qui court, M. El Malki serait le favori des courses pour présider à l’avenir aux destinées de l’USFP; le parcours devant l’y mener ne sera sans doute pas, cependant, facile...

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