"Tant que je peux te dire je t'aime", de Rida Lamrini

C’est avec la chanson « La quête » de Jacques Brel que Rida Lamrini introduit « Tant que je peux te dire je t’aime ». À partir de ce somptueux poème, son roman nous emmène dans d’époustouflantes péripéties en quête d’un amour impossible.


Il s’agit d’un livre exceptionnel. Avec un style simple et captivant, et un sens du détail pointu, parfois technique. Le lecteur est bercé dans plusieurs univers : aérien, culinaire, géopolitique, touristique, scientifique, sociologique et plus encore. Le récit est imprégné d’une fibre humaniste très présente, de beaucoup d’amour et de force de détails qui renseignent sur les différentes vies de son auteur. Cela se manifeste par un courage, peu commun, celui de tout dire, de tout partager, de dénoncer plusieurs phénomènes de société.

L’oeuvre parle au coeur et à l’esprit, capte dès la première page. Le roman est une véritable avalanche d’émotions. La douleur et la sincérité transpirent du texte. L’auteur a eu le courage de s’être mis à nu pour traiter des sujets sensibles avec intelligence. Les émotions prennent le lecteur aux tripes, l’envahissent, le submergent pour l’engloutir jusqu’à lui couper le souffle.

Elles ne sont nullement fabriquées, créées, imaginées pour les besoins du livre, mais vraies, réelles, véritables, authentiques. L’amour tant recherché, tant voulu, tant désiré est sublimé et se retrouve entrelacé, imbriqué dans la douleur du vécu du héros, dans ses expériences passées et actuelles. « Tant que je peux te dire je t’aime » est l’histoire d’un homme qui, après s’être évertué à sauver son couple chancelant, s’est retrouvé face à des fantômes surgis du passé, de mystérieux cadavres déterrés de leur éternel repos, de sinistres spectres dont il ne soupçonnait pas l’existence. Hippie invétéré, écrasé par son destin, il part en quête d’amour, allant de bras en bras, voguant de Casablanca à Kuala Lumpur, Moscou, Paris, Nairobi, Venise, Marrakech, Ouarzazate. C’est une invitation à un voyage par le biais des émotions et des sentiments, de la souffrance, de la douleur. Une inlassable quête d’amour, via le passé, le présent et le futur.

Durant son errance, le héros confie à des mots sa peine, ses amours éphémères. Et pendant que les phrases s’alignent, que les chapitres s’enchaînent, des personnages émergent, s’animent dans un roman de la vie dans lequel il est projeté dans la quatrième dimension d’un monde de rêves, de visions, de fantasmagories, dans lequel il finit par trouver l’être auquel il peut dire je t’aime.

Monde de rêves
Surréel, captivant, émouvant, le genre est nouveau. La trame du roman est bâtie autour de faits historiques chronologiquement documentés. L’auteur a conjugué péripéties imaginaires et événements réels, basculant entre palpable et chimérique, allant et revenant entre passé et présent. Il a eu le courage d’écrire un roman criant de vérité et de sincérité sidérantes. Par-delà la quête sans fin de l’amour, il a abordé des sujets qui minent en silence les sociétés humaines.

On passe subtilement et avec douceur d’une émotion à l’autre, avec la nostalgie en trame de fond. Des morceaux de musique parsèment le roman. Par bien des aspects, il est une comédie musicale. Un beau roman qui, au-delà de l’émotionnel, l’imaginaire, le créatif, nous interpelle sur nous-mêmes, sur nos rapports à la famille, à l’éducation, à la société. Le roman fait vibrer les sens entre des sentiments de haine et d’amour pour dessiner une fresque humaine.

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