Des tirs de roquettes attribués à l'Iran vers des positions israéliennes



Les tensions entre Israël et l'Iran autour du théâtre syrien ont connu un brusque accès à l'aube jeudi, avec, pour la première fois, des tirs de roquettes attribués à l'Iran vers des positions israéliennes, et une riposte contre des dizaines de cibles iraniennes en Syrie.

Après des semaines de crispations grandissantes, les premières lignes militaires sur la partie du Golan occupé par Israël ont essuyé un barrage d'une vingtaine de roquettes de type Fajr ou Grad, déclenché selon l'armée israélienne par les forces iraniennes de l'autre côté de la ligne de démarcation en Syrie.

Les tensions récentes ont été avivées par les incertitudes autour de l'accord nucléaire conclu en 2015 par les grandes puissances avec l'Iran et dénoncé mardi soir par le président américain Donald Trump.

Les tirs n'ont pas fait de victimes, quatre des projectiles ont été interceptés par les systèmes de défense anti-aériens, et les autres sont retombés en dehors d'Israël, a dit l'armée.

Mais en réponse l'armée israélienne a lancé l'une de ses plus importantes opérations aériennes des dernières années "et certainement la plus importante contre des cibles iraniennes", a dit un porte-parole, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.

L'aviation a frappé le véhicule d'où étaient parties les roquettes ainsi que des dizaines de cibles militaires iraniennes, sites de renseignement, de logistique, de stockage, postes d'observation etc, a-t-il dit.

Les appareils israéliens ont essuyé des dizaines de tirs de la défense anti-aérienne syrienne, mais tous sont rentrés à la base après avoir atteint tous les objectifs retenus, a-t-il dit.

Un correspondant de l'AFP a rapporté de fortes détonations à Damas. La télévision a retransmis en direct des images de la capitale syrienne montrant des projectiles lumineux dans le ciel et plusieurs missiles détruits selon elle par les systèmes anti-aériens syriens.

Certains missiles israéliens ont touché des bases militaires ainsi qu'un dépôt d'armes et un radar militaire, a rapporté l'agence officielle syrienne Sana sans préciser leurs emplacements. Les batteries anti-aériennes syriennes ont abattu des dizaines de missiles israéliens, a-t-elle affirmé.

Accès de fièvre ou escalade ?

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a indiqué à l'AFP que les missiles israéliens avaient touché des bases "qui appartiendraient au Hezbollah libanais au sud-ouest de la ville de Homs, ainsi que Maadamiyat al-Cham à l'ouest de Damas, où se trouvent des combattants iraniens ainsi que du Hezbollah et de la 4e brigade (de l'armée syrienne)".

Rien ne permettait de dire si ces évènements constituaient simplement un accès de fièvre plus fort que les autres, ou s'ils marquaient le début d'une escalade redoutée depuis des semaines, dans un contexte d'animosité à la suite de plusieurs opérations attribuées à l'armée israélienne contre des intérêts iraniens en Syrie.

"Nous ne cherchons pas l'escalade", a assuré le lieutenant-colonel Conricus, tout en prévenant que toute nouvelle tentative iranienne de s'en prendre à Israël appellerait une réponse vigoureuse.

"Ils ont déjà payé le prix cette nuit, mais l'option est là qu'ils paient encore plus cher", a-t-il dit.

Israël reste en "état d'alerte élevé", mais les seules instructions données aux habitants du Golan sont de rester attentifs aux informations du commandement militaire et d'éviter les regroupements en nombre, a-t-il dit.

L'armée avait demandé mardi aux autorités de rouvrir et de préparer les abris.

Israël se tenait prêt depuis des semaines à de possibles représailles iraniennes venues de Syrie, et attendues sous la forme probable de tirs de missiles.

C'est la première fois depuis le début de la guerre en 2011 et de l'engagement iranien en Syrie qu'Israël impute de telles frappes à l'Iran. Israël reste officiellement en état de guerre avec la Syrie. Le régime de Bachar al-Assad est par ailleurs soutenu militairement par deux des bêtes noires d'Israël, l'Iran et le Hezbollah libanais.

Sur le qui-vive

Les projectiles iraniens ont été tirés peu après minuit (mercredi 21h00 GMT) par les hommes de la brigade iranienne al-Qods, a dit le lieutenant-colonel Conricus.

La brigade al-Qods est chargée des opérations extérieures des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime iranien.

Israël était sur le qui-vive depuis des semaines face à de possibles représailles iraniennes.

Mardi soir, un dépôt d'armes iranien près de Damas avait été la cible d'une frappe qui a tué 15 combattants pro-régime étrangers, dont huit Iraniens, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). L'opération, la troisième du genre en un mois, a de nouveau été imputée à Israël par le régime syrien.

Avant cette opération et au moment où M. Trump se préparait à annoncer le retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire, l'armée israélienne annonçait avoir repéré des activités iraniennes "inhabituelles" en Syrie et avoir placé ses forces en état d'alerte dans le Golan.

Israël s'alarme de l'expansion iranienne dans la région et ne cesse de proclamer qu'il ne permettra pas à la République islamique de se servir de la Syrie comme tête de pont contre lui.

Israël se considère aussi comme la cible désignée d'un Iran qui serait doté de l'arme nucléaire, et a mené de front ces dernières années les opérations militaires en Syrie et une campagne de tous les instants contre l'accord nucléaire.

Israël a annexé en 1981 la partie du Golan (1.200 kilomètres carrés) qu'il occupait depuis 1967 et la guerre des Six Jours. Cette annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale, qui considère toujours le territoire comme syrien. Environ 510 kilomètres carrés restent sous contrôle syrien.

©AFP

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