Très chère école

L'éducation est devenue un marché juteux qui ne laisse plus aucun investisseur indifférent.

Après la réussite au baccalauréat, la majorité de nos lauréats se dirigent vers les facultés de droit, de lettres ou de sciences. Des établissements qui connaissent aujourd’hui une massification sans précédent. Vu les concours sélectifs des instituts, grandes écoles, classes prépas et autres business-schools, réservés pour une certaine élite, et surtout vu les moyens de leurs parents, nos jeunes étudiants n’ont d’autres choix que de se diriger vers les facultés à accès ouvert.

L’excellence, nous disent les patrons des écoles privées, a un prix. Un prix que la majorité de nos citoyens, y compris ceux qui appartiennent aux classes moyennes, ne sont pas en mesure de payer. Déjà saignés par des frais scolaires qu’ils n’ont pas cessé de payer dès le cycle primaire, ils n’en peuvent plus. Continuer à payer encore pour les études supérieures de leur progéniture est une lourde charge qu’ils ne sont plus en mesure d’assumer. Les quelques bourses, dites de mérite ou d’excellence, octroyées, ici et là, aux étudiants nécessiteux, mais exceptionnellement brillants, par quelques organismes publics ou par certaines associations, ne sont qu’un simple palliatif, qui est loin de résoudre le manque flagrant de moyens. Plus que jamais, pour ces familles, la transition entre le secondaire et le supérieur s’avère plus que jamais difficile.

Certes, contrairement à l’offre en formations des écoles publiques, et ce malgré les quelques tentatives d’amélioration enregistrées ici et là pour former des profils de qualité et très recherchés, celle du secteur privé se distingue par l’apparition de nouveaux opérateurs et de nouvelles méthodes pédagogiques. L’éducation est devenue un marché juteux qui ne laisse plus aucun investisseur indifférent. Qu’ils soient locaux ou internationaux, ces investisseurs sont de plus en plus à la recherche du meilleur filon. S’adossant, souvent à des fonds d’investissement étrangers ou à des organismes internationaux de développement, les groupes nationaux ouvrent de plus en plus leur capital pour pouvoir financer, notamment, leur expansion régionale ou continentale, ou pour développer tel ou tel nouveau métier.

Au Maroc, un pays ouvert sur le monde par ces temps de globalisation financière, on trouve presque tous les systèmes éducatifs: français, espagnol, américain, britannique, belge, italien ou même saoudien. Ce qui pose un réel problème pour les parents, qui ne savent plus à quel saint se vouer. Leur choix n’étant pas, pour la plupart d’entre eux, guidé par un projet d’avenir bien ficelé et étudié à long terme, ils sont condamnés à choisir pour leur progéniture un système d’enseignement étranger, dont ils ne maîtrisent ni les tenants et aboutissants et encore moins la logique d’ensemble. Ceci, d’autant plus que les quelques contrôles, effectués par le ministère de l’Education nationale sur les programmes d’enseignement public dispensés par les pays étrangers, s’avèrent des plus limités. Aussi, nous voyons apparaître ces derniers temps, et pas seulement en médecine, de plus en plus de facultés payantes, attirant de plus en plus de monde, même au prix fort.

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