Un parcours fabuleux


Abdellah Settati, footballeur de renom, décédé jeudi 29 mars 2018, 83 ans


Après avoir joué en France et au Maroc et participé à l’épopée de l’équipe du FLN d’Algérie, Abdellah Settati a entraîné la sélection nationale de 1968 à 1970.

Le parcours footballistique de Abdellah Settati est très particulier. Il n’englobe pas que l’aspect purement sportif, bien qu’il ait été un virtuose du ballon rond. Il dépasse cette barrière pour mettre le sport, en général, et le football, en particulier, au service d’idéaux humains universels. Ce natif de Settat en 1935 a joué dans les plus grands clubs du foot du Royaume, plus précisément au WAC, au Raja et au RAC de Casablanca, dans les années 1950. Milieu très offensif, il avait la gagne dans la peau et ne désespérait jamais de concrétiser une action par un ballon dans les filets des adversaires. Autant il était jovial et d’une grande délicatesse dans la vie de tous les jours, autant il était sans complaisance sur l’aire de jeu. C’est, précisément, ce que recherchent les clubs professionnels d’ici et d’ailleurs. Une raison suffisante pour qu’il soit recruté par les Girondins de Bordeaux.

Il était dans ce club fétiche du football français lorsque le projet d’une équipe nationale algérienne était en phase de réalisation, vers 1958. La légendaire équipe du FLN est née. Elle regroupe des joueurs mythiques, internationalement connus, comme Rachid Makhloufi et Mohamed Ben Tifor. Il fallait juste les pointer, les approcher, les exfiltrer et les rassembler. Une tâche plutôt risquée à laquelle Abdellah Settati a largement contribué, quitte à s’exposer à la vindicte coloniale française.

Par rapport au contexte algéro-français et à la guerre de libération menée par le FLN, le projet en question paraissait irréalisable. Le rassemblement des meilleurs footballeurs algériens a eu effectivement lieu à Tunis, avant le grand départ vers d’autres publics. Les sanctions sont vite tombées. Suite à une contestation de la fédération française de football, la FIFA avait publié un oukaze menaçant les clubs qui accepteraient de rencontrer l’équipe du FLN d’exclusion de toutes les compétitions pour la coupe du monde. Malgré ces sanctions qui s’inscrivaient en faux par rapport à la charte olympique, l’équipe du FLN jouera 91 matchs à travers le monde, en quatre ans d’existence. Avec Abdellah Settati dans ses rangs. Quel lien entre Abdellah et l’équipe du FLN algérien? Un lien paternel: Son père algérien avait émigré au Maroc et s’était installé à Settat. Le mariage avec une marocaine a donné naissance à deux enfants, Abdellah Settati en est le cadet.

Meneur d’hommes
Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, Abdellah Settati opte pour une résidence au Maroc. Il n’aura aucune difficulté à trouver employeur. Il débute ainsi une riche et dense carrière d’entraîneur. Il dirige le WAC de Casablanca, le CODM de Meknès, la Mouloudia d’Oujda, le Chabab de Mohammedia, l’ASS de Salé et l’Ittihad Zemmouri de Khemisset. Dans ce tour d’horizon des clubs, Abdellah Settati avait des affinités particulières avec la Renaissance sportive de Settat. Ses compétences de technicien et son charisme tranquille de meneur d’hommes ont été également mis à contribution pour l’encadrement de l’équipe nationale du Maroc.

Il sera à ce titre l’un des plus proches collaborateurs, en 1969, de Guy Cluseau, premier entraîneur étranger de l’équipe nationale. Une fonction qu’il gardera en 1970 comme adjoint du coach yougoslave Vidinic, pour préparer la plus grande équipe nationale que son prédécesseur avait réussi à qualifier au tournoi final de la coupe du monde du Mexique. Élégant, parlant peu de sa longue carrière et de sa passion maîtrisée du foot, Abdellah Settati avait deux enfants, Karim et Nadia d’une maman française

Articles similaires