Performance. A l’âge de 36 ans, Nadia Ben Behtane est devenue, le 28 avril 2015, la première marocaine amatrice à traverser le détroit de Gibraltar à la nage.
Le 28 avril 2015. Nadia Ben Bethane éblouit le monde, en se faisant le détroit de Gibraltar, séparant le Maroc et l’Espagne à la nage. Pour Nadia, cet exploit couronne un parcours long et riche en émotions. Durant son enfance, la jeune Rbati est attirée par le sport en général, et la natation en particulier. Mais elle pratiquera cette discipline toujours en tant qu’amatrice sans intégrer un club professionnel de natation ou autre. «Grâce à mon père, très sportif lui même, j’ai pratiqué plusieurs sports étant plus jeune, mais j’ai toujours eu un faible pour la natation». Adolescente, Nadia tentait quelques kilomètres en bassins. Son premier 3 km, elle s’en souvient encore. Elle avait quinze ans. Par la suite, elle mettra de côté la natation pendant quelques années, afin de se consacrer pleinement à ses études et au début de sa carrière professionnelle dans le domaine du marketing. Après la naissance de sa première fille, en 2006, Nadia commence à pratiquer la course à pied, entrainée par son entourage.
Le plaisir d’être dans l’eau
D’ailleurs, elle a couru quelques semi marathons, avant de participer à son premier marathon en 2010. Pour elle, c’était une expérience inédite et extraordinaire. «J’ai apprécié l’endurance, l’ambiance du marathon, les rencontres avec les gens, et me suis dit qu’il était dommage que ce ne soit pas dans la natation également». Jusque-là, la vision de Nadia de la natation se limitait à la pratique en piscine. Motivée par son désir de participer à des événements d’amateurs, elle mène des recherches et découvre l’eau libre. Et c’est en étant enceinte de sa deuxième fille, que Nadia effectue son retour «aux origines».
A cette époque «je me suis remise à nager quasiment tous les jours, et j’ai redécouvert le plaisir d’être dans l’eau». Au cours d’une discussion, lui est venue, pour la première fois, l’idée de traverser le détroit de Gibraltar, mais avec peu de sérieux. Sa deuxième fille née, en 2008, Nadia effectue une énième reconversion, en se remettant à la course à pied. Mais peu de temps après, l’idée de traverser le détroit ressurgit dans son esprit. « Je me suis dit que ce serait sympa de le faire un jour mais il fallait que je me remette à nager, que j’arrive progressivement aux longues distances », nous explique-t-elle. Toutefois, face à ses engagements personnels et professionnels, Nadia réalise que ce défi sportif de taille requiert du temps et un engagement total. Elle sera encouragée dans la préparation de son aventure par son ami Simohammed Lahna, premier para-athlète marocain et du monde arabe à réussir un tel exploit. Mais avant de s’y lancer, Nadia participait à un évènement sur une distance de 6 km à Costa Brava, en Espagne, en 2013, et enchaine en 2014 avec un autre événement sur 14 km, dans lac d’Orta en Italie, avant de revenir à Costa Brava, mais en doublant la distance parcourue. En récompense, elle a été désignée en 2013, Open Water Swimming Woman Of The Year par l’organisation internationale des courses en eau libre (WOWSA).
Début 2015, Nadia obtient la confirmation d’avoir décroché une place pour la traversée du détroit. «J’ai choisi ma semaine. Et c’est comme ça que je me suis retrouvée le 26 avril 2015 à Tarifa pour le briefing avec l’association, et le 28 c’était le jour J», précise-t-elle. Nadia a nagé une quinzaine de kilomètres avant de rejoindre Tanger, seule dans l’eau pendant 4 heures et 18 minutes, uniquement suivie par un bateau pilote et une équipe d’organisation. Lors de cette aventure, la nageuse devait faire face à plusieurs challenges, particulièrment sur le plan organisationnel. «Préparer un marathon en course à pied ou en mer nécessite de la discipline si on veut arriver prêt à sa course et la réaliser dans de bonnes conditions», nous dévoile-t-elle. D’autant plus que le fait de s’entrainer exclusivement dans une petite piscine et passer en eau libre pendant plusieurs heures n’est pas si évident.
Le mal de mer
Les conditions sont différentes, puisque une mer ou un lac n’offrent pas de repères comme dans une piscine. Et puis il y a les imprévus qu’on ne peut pas contrôler notamment la météo, «Et il y a le mal de mer dont je souffre particulièrement même en nageant, mais ça fait partie de la beauté de ce sport et reste dérisoire devant le plaisir de nager en eau libre. J’ai des images mémorables en tête de chacune de mes participations», avoue-t-elle. Encore une fois, Nadia a été récompensée pour ses efforts, en intégrant le top 50 mondial des nageuses en eau libre, publié par le WOWSA en début mai 2015.
Actuellement, Nadia veut consacrer tout son temps à sa famille. Elle ne compte pas se relancer dans une nouvelle aventure sportive immédiatement, mais continuera de nager. «La préparation de challenges comme la traversée du détroit nécessite quelques sacrifices, et j’y suis arrivée grâce au soutien des membres de ma famille qui ont adhéré à ce projet et qui m’ont clairement aidée à réaliser le rêve de la traversée»