De la vaccination et du mépris des journalistes marocains !

Lettre ouverte au Chef du gouvernement et au ministre de la Santé

Depuis l’annonce de la détection du premier cas du coronavirus, la presse marocaine s’est mobilisée, corps et âme, pour informer et sensibiliser les Marocains sur l’importance de se conformer aux mesures sanitaires afin de lutter contre la propagation de ce virus sournois et fatal qui guette notre pays.

Au sein de la rédaction de Maroc Hebdo, cette mobilisation a été accompagnée de sacrifices colossaux car le caractère exceptionnel de cette conjoncture inédite exigeait inéluctablement des efforts démultipliés pour assurer un flux d’informations effréné.

Convenez que cette mission de service public a, énormément, contribué à combattre les fausses informations ou les intox qui semaient la peur et le doute au sein de la population, déjà sous l’emprise de l’angoisse et de l’incertitude.

Deux décisions, initiatives de S.M. le Roi Mohammed VI, sont venues apaiser cette situation anxiogène. Il s’agit en l’occurrence du lancement de la campagne de vaccination massive, une décision qui a été suivie par celle de la rendre gratuite pour tous y compris les résidents étrangers au Maroc. Puis, le 28 janvier 2021, il y a eu S.M. le Roi qui s’est fait vacciner le premier, rassurant et rassérénant même les plus sceptiques.

Evénement heureux, le démarrage de cette campagne vaccinale a rendu cependant malheureux les journalistes marocains, qui n’ont pas été considérés comme faisant partie des soldats de tous corps de première ligne contre cette pandémie. Ne sont-ils pas aussi exposés que les forces de l’ordre ou le personnel de la santé? Et pourtant, tout en déplorant le décès de 602 journalistes à travers le monde de la Covid-19 depuis mars 2020, l’ONG suisse Press Emblem Campaign (PEC) a publié début janvier 2021 un rapport dans lequel elle a demandé que les journalistes soient traités comme des travailleurs en première ligne et bénéficient ainsi d’une vaccination prioritaire.

Les exigences du métier imposent aux soldats de l’information un travail de terrain, à leurs risques et périls. Des victimes de la Covid-19, il y en a eu et il y en aura encore: le journaliste Hakim Anker est décédé le 9 décembre 2020; Hakima Adiblij a rendu l’âme avant lui le 6 décembre; et, le 29 octobre 2020, le journaliste-présentateur de 2M, Driss Ouhab, a diapru.

Tous morts des suites d’une infection au coronavirus. Faut-il attendre que d’autres meurent pour considérer que le risque pèse réellement et lourdement sur la profession? Le Conseil national de la presse et le Syndicat national de la presse marocaine vous ont contacté, Monsieur le ministre, à maintes reprises. A chaque fois, la même réponse : On attend la prochaine livraison des vaccins pour introduire les journalistes parmi les prioritaires.

Depuis, rien. Je ne vous cache pas ma grande déception que de tels arguments soient avancés pour retarder autant que possible la vaccination des femmes et des hommes d’un secteur nécessaire à la vie démocratique du pays. Pour résumer, ce que nous revendiquons, c’est un droit et non une faveur.

Articles similaires