ANNUS HORRIBILIS

L’année 2023 restera aussi dans les mémoires pour le débarquement éléphantesque de l’intelligence artificielle dans notre quotidien.


L’année 2023 tire à sa fin mais n’a pas encore dit son dernier mot. Une année épouvantable qui aura laissé l’indélébile trace de son passage dans les mémoires, les poches et les ventres des marocains. On aura tout vu avec cette satanée période : Un tremblement de terre dans la région la plus pauvre du pays qui a ajouté le dénuement à la pauvreté de ses habitants. Une sècheresse édaphique qui impacte la production agricole. Des pénuries hydriques qui voient s’évaporer les réserves des barrages sous l’aridité et la canicule.

Une guerre en Ukraine qui brise l’économie mondiale et chamboulent les chaines d’approvisionnements. Une guerre indiscriminée qui cache son objectif d’éradication des palestiniens menée tambours battant avec l’aide cynique en deux poids deux mesures des USA et de l’Europe. Une inflation dévoratrice d’un chétif pouvoir d’achat. Une explosion vertigineuse et insensée de tous les prix aggravée par le manque de contrôle étatique des distorsions du marché. Une population qui se fait ballotter tel un rafiot au gré des vagues par les lois du marché et celles de la mafia spéculatrice. Un secteur de carburant ou les prix bondissent à chaque toux du baril mais ne baissent qu’au gré de la synarchie de distribution malgré les replis des prix à l’internationales. Des grèves interminables d’enseignants qui mettent l’école publique à l’index portant atteinte aux droits des élèves à la scolarité. Il faut dire que les négociations ministérielles avec les syndicats corporatifs marocains ne sont pas enseignées à l’École Polytechnique.

Elles demandent des compétences du terroir, nécessitent des connaissances en psychologie sociale du derb, en négociations collectives et en pratiques de la médiation indigène. Ce n’est pas donné à toutes les cuisses de Jupiter. L’année 2023 restera aussi dans les mémoires pour le débarquement éléphantesque de l’intelligence artificielle dans notre quotidien. Des algorithmes américains et chinois auxquels nous autres du tiers-monde, nous n’avons ni l’accès ni les capacités de les influencer. Dorénavant, les réponses aux questions seront américaines ou chinoises.

Jusqu’en 2022, l’IA analysait les informations et vous retournait une synthèse. Maintenant elle est générative. Elle produit du contenu aussi bien, sinon mieux que l’humain. Bonjour l’AI, Adieu ma profession ! Les scénaristes hollywoodiens en grève ont forcé leurs studios à ne pas utiliser Chat-GPT pour écrire des films et des scénarii TV. La perpétuation des stéréotypes raciaux ou de genre est déjà dans les algorithmes. Midjourney fabrique toutes les images auxquelles on peut penser où la distinction entre l’authentique du faux est des plus ardue. Cela fait déjà le bonheur des propagandistes Israéliens mais aussi ceux du Hamas.

Les images et les vidéos IA sont diffusées sur le net pour accuser l’autre partie de barbarisme. La falsification d’une image de bébé blessé pour le faire apparaître comme mort, d’une jeune femme attaquée pour donner l’illusion d’un viol ont garnis les réseaux. Elles font appel à l’émotion instantanée pour la fabrique du consentement. 2024 nous amènera un monde nouveau marqué par la révolution de l’intelligence artificielle.

Une révolution périlleuse similaire à celle du nucléaire. Dans la décennie à venir, elle aura certainement une forme d’éthique et de conscience algorithmique. Espérons qu’elle pourra alors trouver des solutions à la cinquantaine de conflits armés qui empoisonnent le monde, à la sècheresse, à la pénurie de l’eau, à la pauvreté, à la réduction des gaz à effet de serre et à l’extraction des mille et une épines qui freinent l’essor de la région.

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