MOHAMED BENCHAÂBOUN TANCE LES PATRONS

Rencontre enflammée entre le ministre de l’economie et des finances et les membres de la CGEM

Dans un discours alarmant, l’argentier du Royaume appelle les patrons à rompre avec les pratiques dangereuses qui nuisent à l’économie nationale. Il en cite deux principales: le rallongement des délais de paiement et la fraude fiscale.

Les membres de la CGEM, qui étaient en réunion avec le ministre de l’Economie et des finances, Mohamed Benchaâboun, jeudi 26 novembre 2020, sont sortis de la rencontre un peu tétanisés, la tête pleine de messages critiques exprimés par le ministre à leur endroit.

Son discours, qui devait présenter en détails les mesures prises dans le projet de loi des finances 2020-2021 pour la relance économique, a vite tourné en un long réquisitoire destiné à sensibiliser les patrons sur la difficulté extrême du contexte actuel et les inciter à plus de travail, plus d’effort et surtout plus d’implication dans l’investissement. Armé de son argument classique selon lequel l’Etat ne peut pas tout faire, l’argentier du Royaume invite les hommes d’affaires à faire preuve de plus de créativité et d’innovation pour reconstruire le monde économique de l’après Covid-19.

Chaines de fabrication locales
Une tâche qui ne sera certainement pas facile mais Mohamed Benchaâboun promet à ses anciens collègues dans le patronat un soutien ferme de l’Etat à travers notamment le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Doté de 15 milliards de dirhams, ce fonds vient d’être officiellement constitué selon la présentation réalisée par le ministre lors du dernier conseil de gouvernement tenu jeudi 26 novembre 2020. Il devrait normalement appuyer les projets économiques qui visent à renforcer l’industrialisation du pays.

Pour en bénéficier, le ministre suggère aux patrons qui travaillent dans l’importation à se convertir vers la production en mettant en place des chaînes de fabrication locales. Cette volonté affichée du ministre d’opter plus pour la production pour se substituer à l’importation vise à construire une industrie marocaine qui demeure encore très fragile. Pour M. Benchaâboun, les opérateurs économiques doivent continuer à y croire, à investir et à créer de la valeur et des emplois. Sinon, les efforts consentis par l’Etat seront sans effet.

Versant dans le même sens que le wali de Bank Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, qui a critiqué les entreprises qui font montre d’un manque de transparence dans la publication des chiffres financiers, le ministre de l’Economie appelle les entreprises à marquer une rupture ferme avec deux grands phénomènes économiques: les délais de paiement et la fraude fiscale. Souvent accusées de rallonger les premiers et de pratiquer la deuxième, les entreprises sont invitées à rompre avec ces deux tares qui nuisent gravement à l’économie nationale.

Mais comment demander aux entreprises privées de raccourcir les délais de paiement alors que l’Etat ne paye pas ses fournisseurs à temps? Sur cette question, l’argentier du Royaume promet un Etat plus régulier en affirmant avoir réglé aux entreprises concernées plus de 40 milliards de dirhams d’arriérés de TVA. Mais il reste encore plus de 14 milliards de dirhams à payer. En attendant, le gouvernement semble mettre tout son poids pour secouer les investisseurs.

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